figures 2014-2022
« Les émotions nues, obscures lumières à dévoiler »
Scientifiquement, la découverte de l’importance de libérer nos émotions est récente. Nous sommes culturellement et socialement éduqués à les cacher, les contenir, même si, finalement, elles nous débordent et nous gouvernent. Mes recherches sur le cerveau m’ont appris qu’il était VITAL que nous puissions les décharger. Dans le cas contraire elles nous intoxiquent littéralement, nous mènent à des comportements compulsifs, agressifs ou dépressifs. Paradoxalement, quand nous les avons évacuées, ces émotions deviennent notre guide intérieur, notre intuition, ce qu’il y a de plus sacré en nous.
Série des gargouilles : les animaux fantastiques qui ornent les cathédrales sont censées effrayer et éloigner les mauvais esprits du lieu sacré. Leurs gueules béantes vomissent l’eau des toits comme nous pouvons nous aussi vomir nos trop pleins. Ces sculptures de pierre, très hautes et loin de notre vue qui peine à les distinguer, sont ici face à nous ; elles interrogent nos intérieurs.
Série des émotions : J’ai choisi d’incarner cette réflexion sous la forme de grands portraits blancs, juste ombrés, accolés à de simples cercles colorés. L’espace obtenu par ce diptyque devient celui où le spectateur est invité à se connecter avec sa propre histoire, à se rencontrer. Entre la matière finie des traits figuratifs et l’infini de l’esprit représenté par l’abstraction géométrique, c’est à la vibration entre son corps, ses émotions et sa pensée que le spectateur est convié.
Les figures sont inspirées de sculptures anciennes, de peintures et de photos que j’ai prises, sélectionnées pour l’intensité de leur expression, l’extrême tension ou la douceur qui s’en dégagent, exprimant l’indicible. Je les peins en simplifiant les traits, en créant des vides au niveau du regard et en jouant sur les angles de frappe de la lumière afin de souligner l’ambiguïté entre le vivant et l’inerte, entre la réalité et son reflet : s’agit-il d’un masque de pierre, de chair ?
A coté du visage en blanc et noir, la couleur s’est imposée, sobre, comme un écho à la chair vive. Les couches successives permettent d’obtenir une sensation de profondeur et de légèreté dans la vibration finale. Un jaune vif, du blanc transparent, les traces du pinceau dans un sens, dans l’autre, pour terminer avec les brillances ou les matités. La surface à le moins d’aspérités possible afin de dégager l’évidence d’une teinte, d’une valeur. La géométrie du cercle lui-même a pour but d’amener une tranquillité au regard qui s’y pose. La rondeur, entourée de vide, suggérant l’espace, l’ouvre encore.