Depuis 2020 jusqu’à aujourd’hui
Une partie des gravures est réinvestie avec les cercles colorés (tracés aux feutres, aux crayons de couleurs vives) ou découpés. Le papier gravé, parfois multiples, devient le support où s’inscrivent les changements de perceptions et de regards dans la durée ; actualisés. Une boucle ininterrompue de la vision lointaine à celle zoomée sur le paysage. L’horizon ici ne s’aperçoit pas au travers de lignes verticales mais est cerclé, encerclé, paradoxalement libéré.
Paysages gravés 1992-1998
Il s’agit ici d’expérimenter la gravure non pas dans le sens de « reproduire » une image mais dans le sens de « peindre » avec l’encre et le papier. Dans les années 1990, entourée des montagnes de mon pays d’adoption, j’ai imaginé la succession des paysages vallonnés se superposant avec celles, fanstasmées, de mon pays de naissance, si plat, si brumeux, la Belgique. Les encres s’épaississaient dans l’accumulation des passages sous la presse, les lumières ourdissaient, lointaines. J’obtenais des transparences colorées uniques et sourdes. Bleus chargés, rouges brunis ou jaunes verdâtres. Des indéfinitions colorées où la forme se perdait. En écho, des pointes sèches juste frottées d’encre noire laissaient respirer des accents de paysage où le support papier se ranimait. Reste ces centaines de papiers gravés dans les caves de la Cité des Arts à Paris ou sur les hauteurs, dans le château de Salzbourg, marqués par l’odeur de l’expérience, les résistances des papiers mouillés.
« Dans ses gravures, Axelle Snakkers explore toutes les nuances du gris et tente de colorer celui-ci par la trace, l’incision ou les turbulences qu’elle fait naître sur plaque. Le tirage devient ce moment de révélation dans laquelle la matière se fixe. Tous les registres, sans maniérisme, sont explorés, du velouté au rongé, du calme à l’éclat » Eric Suchère